Sites industriels : Tellux révolutionne l’analyse des sols pollués
Publié le 12 janvier 2024
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Temps de lecture : 1 min
Fondée en 2019 par le Rouennais Antonin Van Exem, docteur en géologie, la startup Tellux développe des outils d’information en temps réel pour optimiser le traitement et la dépollution des friches industrielles. Après deux ans passés au sein de Normandie Incubation, Tellux s’est installée en 2021 dans ses propres locaux à Petit-Couronne (76).
Tellux s’adresse à tous les acteurs de l’aménagement et de la construction : industriels, collectivités, promoteurs immobiliers, bureaux d’études ou encore entreprises de travaux publics… Elle leur propose des analyses de sols multi-paramètres utilisant l’imagerie hyperspectrale et l’intelligence artificielle. Des compétences high tech que la startup a mises en œuvre grâce à son équipe (composée de 13 personnes) de datascientists, de développeurs logiciels, de physiciens, de géologues et de chimistes. "Notre technologie innovante permet de sécuriser les coûts et les délais des chantiers de dépollution en récupérant et en disséquant l’ensemble des informations qui peuvent être contenues dans le sous-sol."
Imagerie hyperspectrale
"Notre innovation repose sur l’imagerie hyperspectrale, explique Maxime Lhoir, ingénieur en BTP qui a rejoint Tellux il y a deux ans pour développer sa stratégie commerciale et son implantation sur le marché. Celle-ci permet d’acquérir une grande richesse d’informations qui est ensuite traitée grâce à la puissance de l’intelligence artificielle. Notre base de données dispose aujourd’hui d’environ 20 000 échantillons de référence. L’IA convertit en temps réel à très haute résolution les données d’imagerie en concentrations chimiques."
Sur site ou en laboratoire
Sur le terrain, Tellux intervient de deux manières : soit en récupérant, lorsque le site concerné est à proximité, des échantillons de terre qui sont ensuite analysés dans son laboratoire à Petit-Couronne, soit en installant son laboratoire mobile HyperScan sur le site du client, ce qui lui donne la capacité d’intervenir dans toute la France et même au-delà. Dans tous les cas, l’objectif est de donner au client des informations en temps réel.
"Quand un client nous commande une prestation, on commence par étudier son site, son historique et les risques de pollutions qu’il a pu y avoir en fonction de l’activité industrielle, ce qui nous permet de sélectionner les endroits où on va réaliser des carottages, ainsi que la profondeur à laquelle on doit les faire en fonction du risque environnemental ou du besoin de notre client."
L’équipe de géologues de Tellux récupère ensuite les carottages d’un mètre de long dans des tubes en plastique qu’ils coupent en deux et font passer sous l’œil de la caméra et du logiciel Tellux. En moins de 30 secondes, le log hyperspectral de la concentration en polluants s’affiche à l’écran.
Lexique
Un carottage consiste à prélever un échantillon du sous-sol terrestre ou marin obtenu à l'aide d'un tube appelé carottier que l'on fait pénétrer dans le sous-sol. L'échantillon ainsi obtenu s'appelle une carotte.
Ce que l’on appelle image hyperspectrale est en réalité toute une série d’images de la même scène, mais prises dans plusieurs dizaines de longueurs d’onde, qui correspondent à autant de "couleurs". Une telle mesure fournit de nombreuses informations sur les propriétés physiques des objets observé, ce qui est d’une grande utilité pour l’étude et la surveillance de l’environnement.
Un enjeu majeur face à l'objectif ZAN
"Notre ambition est vraiment d’aider nos clients à mettre en place le projet de dépollution qui correspond le mieux à l’impact réel des contaminants contenus dans le sous-sol." Sans analyse approfondie du sous-sol, il est en effet très difficile pour les promoteurs de définir précisément les coûts et les délais des projets de dépollution. "Par exemple, s’ils définissent que le chantier va durer 6 mois et coûter 500 000 € mais qu’ils tombent sur une poche de pollution non identifiée en phase de diagnostic, ils seront obligés d’arrêter le chantier, qui au lieu de durer 6 mois durera 1 an et au lieu de coûter 500 000 € coûtera 2 ou 3 millions."
C’est donc un enjeu majeur pour l’ensemble des acteurs de la construction, de l’aménagement du territoire et de la valorisation des friches industrielles, a fortiori dans la perspective du Zéro artificialisation nette (ZAN), qui doit intervenir en France à l’horizon 2050.
Avec à la clé un réel challenge : comment mettre en place les nouveaux projets d’infrastructures ou de logements dont le pays a besoin (on prévoit que d’ici 2050 il y aura 30 millions de citadins européens en plus et que 70% de la population mondiale vivra en ville) sans prendre sur les terres agricoles ou les espaces naturels ?
Le saviez-vous ?
Jusqu’à aujourd’hui 20 000 hectares de terres agricoles ou naturelles étaient artificialisés tous les ans.
Or l’Ademe estime qu’il y a en France environ 150 000 hectares de friches industrielles, donc de sols qui ont été dégradés par une activité industrielle passée et qui sont aujourd’hui inutilisés.
Revaloriser en économie circulaire
Pour aller plus loin, Tellux développe un nouveau projet en partenariat avec Cemex et le groupe Lhotellier, financé par la Région et l’Ademe. Ce projet est de trier les déblais qui sortent des chantiers afin de recycler les terres saines. "L’idée est de placer notre caméra au-dessus d’une bande convoyeuse, d’y faire passer des tonnes de terre plutôt que des échantillons ou des carottages, et d’envoyer d’un côté les terres au-dessus des seuils réglementaires (qui seront soumises à un programme de dépollution) et de l’autre les terres pouvant être revalorisées en économie circulaire pour d’autres applications."
Spécialisée dans les hydrocarbures, qui représentent plus de 30% des polluants présents dans les sols, en France, en Europe et dans le monde, Tellux a également pour but d’élargir le spectre à d’autres polluants et en premier lieu les sulfates.
"Nous sommes en recherche de financements. Nous avons déjà obtenu une aide de Région, dans le cadre du contrat de plan interrégional État-Régions (CPIER), qui nous permet d’avancer et nous allons lancer une levée de fonds en 2024 pour aller chercher des investisseurs privés (particuliers, entreprises et fonds d’investissement)."
Dialogue citoyen
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