JO Paris 2024 : les athlètes normands à suivre
Publié le 20 décembre 2023
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Temps de lecture : 4 min
Une vingtaine d’athlètes de Normandie se préparent intensément pour les JO Paris 2024. Qui sont-ils ? Quelles sont leurs chances ? Comment se préparer au mieux à cet événement hors normes ?
Ils sont une vingtaine d’athlètes normands à tutoyer le rêve olympique. Leur quotidien ? Un jonglage permanent entre des entraînements intenses, des heures au bureau, des cours en classe, la recherche de sponsors, des compétitions à l’international, des stages en Equipe de France, sans oublier les séances de kiné ou de préparation mentale…
Ils sont selon les cas chargé de communication dans une banque, étudiant en école de commerce, assistant de direction en ressources humaines, engagé dans la Police ou la Marine nationale… Et ils s’attaquent à ce chantier titanesque pour figurer parmi les meilleurs athlètes mondiaux et décrocher leur billet pour les JO de Paris.
La Team Normandie, le meilleur du haut niveau
Plus de 500 athlètes normands sont inscrits sur la liste des sportifs de haut niveau et bénéficient d’une aide financière de la Région Normandie, variable suivant leur statut : espoir, relève, élite… Parmi eux, 16 sportifs de toutes disciplines ont intégré la Team Normandie. Ce collectif met en avant les sportifs de niveau mondial, capables de s’aligner sur les plus grandes compétitions internationales dont les JO. Ils reçoivent un accompagnement plus appuyé de la Région Normandie.
Les 4 clés de la performance
Au Comité régional olympique et sportif de Normandie, par la voix de son président Nicolas Marais, on identifie 4 points clés pour mener à bien son projet olympique. "L’athlète doit pouvoir bénéficier de sites d’entraînements de qualité avec tous les services nécessaires, ainsi que d’un excellent accompagnement médical. Il doit également être tranquillisé sur tous les aspects financiers, ne pas avoir à réfléchir à comment boucler la fin du mois. Enfin, l’athlète a besoin d’un bon environnement familial et social. En général, il faut que tout cela soit réuni pour performer."
Mais pour aborder leur objectif dans les meilleures conditions, les sportifs ont des stratégies de préparation très variables. Elles dépendent de multiples facteurs : du sport en lui-même, des infrastructures de leur club, du poids des institutions fédérales dans leur discipline, des aléas de leurs performances, de leur parcours personnel… Cela se vérifie au sein de la Team Normandie et sa quinzaine de candidats olympiens. Chaque parcours est une composition personnelle de son double projet (projet professionnel et projet d’athlète de haut niveau). Un mélange de choix et d’opportunités où tous les ingrédients ne peuvent pas toujours être concentrés en Normandie.
La coureuse de demi-fond Flavie Renouard du Caen Athlétic Club s’appuie quasi exclusivement sur les équipements et l’environnement sportif normand. A la manière d’Alexis Hanquinquant, le paratriathlète médaillé olympique en titre de la Team Normandie, ou encore du marcheur Kevin Campion de Dieppe. La boxeuse havraise Amina Zidani, elle, s’entraîne depuis deux ans à Paris et multiplie les stages avec l’Equipe de France. La capitale est également devenue le quotidien du lutteur Loïc Samen qui a intégré l’INSEP. Certains prennent la route du sud. L’heptathlonienne Léonie Cambours l’a décidé à la rentrée 2023. Tout en affichant sa fidélité à son club sottevillais, elle rejoint un nouveau coach et une structure privée à Nice pour se donner les meilleures chances à Paris. Un choix similaire à celui du nageur Logan Fontaine qui a déménagé à Martigues pour intégrer la Team Lucas, tout en restant licencié au club des Vikings de Rouen où a démarré sa vie de nageur de haut niveau. Chacun compose sa formule de préparation aux JO.
« Nouveau groupe, nouvelle équipe, et nouvel environnement. Mais les mêmes objectifs, le même club, et la même passion. Une vie niçoise, un cœur normand. »
Léonie Cambours, heptathlonienne
Mais que pourrait-il manquer en Normandie ? "On forme beaucoup d’athlètes en Normandie mais il y a très peu de clubs au très haut niveau dans les sports individuels", souligne Nicolas Marais. C’est le cas notamment dans le cyclisme où aucune équipe pro normande n’existe à ce jour. C’est ainsi que Kevin Vauquelin a signé chez les voisins bretons d’Arkéa-Samsic bien que toujours licencié au VC Rouen 76. S’il y a bien un sport où tout est réuni en Normandie, c’est l’équitation. Les meilleurs cavaliers français (dont plusieurs sont normands) trouvent dans la région toutes les infrastructures publiques et les partenaires privés et ce, dans tous les secteurs : depuis l’élevage, l’entraînement jusqu’à la compétition.
Comment aborder mentalement les JO ?
Les journées de tous ces postulants aux JO de Paris sont un défi pour le corps et l’esprit. Mais comment supporter une telle charge de travail ? Est-ce que des JO dans son propre pays représentent une pression plus lourde que toute autre compétition ? Le Havrais Gilles Binet accompagne les athlètes dans leur préparation mentale depuis 30 ans. "Pour moi, les Jeux olympiques sont une compétition normale : faire un 100 m, c’est faire un 100 m. Comment l’athlète va considérer la compétition ? S’il considère que c’est la compétition de sa vie, est-ce qu’il va être capable d’être plus lucide et plus serein ? L’inconscient collectif véhicule des idées telles que la pression, l’abnégation, la douleur, la souffrance… La pression n’est pas bonne. On a besoin d’une motivation saine. La pression est un contre-sens par rapport à l’engagement total." Gilles Binet a accompagné durant plusieurs années le nageur Hugues Duboscq, spécialiste de la brasse et triple médaillé de bronze aux JO. "Hugues ne fonctionnait pas sous pression. Son bilan : il a passé 15 ans dans le haut niveau, il a pris son pied."
« Les Jeux olympiques sont une compétition normale : faire un 100 m, c’est faire un 100 m »
Gilles Binet, préparateur mental
Si simple alors ? "La performance, c’est avoir la capacité à utiliser le maximum de son énergie sur le plan physique, le plan mental et le plan stratégique pendant la compétition. Donner le meilleur de soi-même. Ensuite le résultat, c’est autre chose, il ne dépend pas que de soi." Pour Gilles Binet, diplômé en sophrologie, en analyse transactionnelle et en psychothérapie, la préparation mentale a toute sa place dans la préparation des sportifs. Et elle ne sert pas seulement à résoudre des problématiques précises (gestion du stress, confiance en soi…). Il est convaincu qu’on peut se préparer mentalement avec des exercices éducatifs, comme on le fait pour la préparation physique. "Si on commence à parler de la gestion émotionnelle, de la motivation, de la concentration et que l’on fait des exercices conceptuels, on s’engage dans une véritable préparation. Si on fait ce travail en amont, il y a moins de problèmes en aval." De plus en plus de sportifs, notamment dans les disciplines individuelles, complètent leur préparation par des séances de travail avec un préparateur mental, en présentiel ou en visio.
Alexis Hanquinquant est le plus capé de la Team Normandie. A Paris, le triathlète paralympique assumera une fois de plus son statut de grandissime favori. Une pression qu’il gère à merveille depuis qu’il est sur le toit du monde de sa discipline. "Je suis prêt à répondre présent, j'ai vraiment hâte de me confronter à eux, il va falloir qu'ils soient très forts pour venir me détrôner l'année prochaine", déclarait le champion normand auréolé d’un sixième titre de champion du monde synonyme de ticket pour les JO Paris 2024. Aucun doute qu’il saura le donner le meilleur de lui-même le jour J. Rendez-vous à Paris.
Elles ont choisi de venir s’entraîner en Normandie
Plusieurs fédérations internationales ont décidé d’organiser des stages et des camps pour leurs athlètes en Normandie. C’est le cas de l’équipe canadienne de natation qui a choisi de faire du Stade nautique Eugène-Maës de Caen le camp d’entraînement de ses 50 nageurs. Bayeux aura pour sa part l’honneur d’accueillir l’équipe olympique des réfugiés du 15 au 28 juillet 2024, juste avant les JO. De son côté, l’équipe marocaine de gymnastique doit s’entraîner à Elbeuf, dans la salle Emilie-Le Pennec. L’équipe de France de taekwondo, tout comme celle de lutte des Etats-Unis, livreront leurs combats sur les dojos du Centre sportif de Normandie à Houlgate. Et la liste des délégations internationales et des équipes de France souhaitant venir se préparer en Normandie devrait encore s’allonger au cours de l’année 2024.
C’est le fruit d’une démarche initiée par la Région Normandie et 50 collectivités locales. Elles ont saisi l’opportunité de l’organisation des JO à Paris pour mettre à niveau et recenser leurs meilleurs équipements sportifs. Ainsi, elles proposent un catalogue de 80 sites capables d’accueillir des délégations internationales dans les différentes disciplines olympiques et paralympiques. Ils sont rassemblés et présentés avec tous leurs services dans la base de données getreadyforgold.normandie.fr.
Team Normandie : les 15 athlètes qui préparent les JO Paris 2024
Quinze athlètes de la Team Normandie se sont jetés dans la bataille de la qualification olympique. Chacun d’eux embarque avec lui ses rêves de records et de médailles.
Leurs premiers JO
Amina Zidani, boxe anglaise, moins de 57 kg_QUALIFIEE
La boxeuse du Havre, dotée d’une détermination et d’une force de frappe impressionnantes, est arrivée sur les rings à seulement 18 ans, en poussant la porte du club havrais Don’t Panik Team. Elle devient championne de France de sa catégorie dès 2016 après 4 ans de pratique, et réitère son exploit les 4 années qui suivent. Sa non qualification pour les JO de Tokyo n’a laissé pour trace qu’une volonté de s’entraîner encore plus dur. Elle a décroché son billet pour les JO de Paris dès le 2 juillet 2023 en remportant la finale des Jeux européens et en devenant Championne d’Europe. Son ambition est énorme !
Romaric Bouda, judo, moins de 60 kg
Le défi pour le licencié du club Eure Judo est de taille : pas d’autre choix que d’être le numéro 1 français sur l’ensemble des compétitions internationales d’ici les JO. Son dernier résultat est une demi-finale au Grand Slam de Paris en novembre 2023 : perdue face à un autre Français, Cédric Revol. Tout reste à faire.
Lounès Hamraoui, boxe anglaise, moins de 63,5 kg
Le vice-champion d’Europe 2022 de sa catégorie doit affronter une grosse concurrence pour décrocher sa qualification aux JO. Toujours pensionnaire du Noble art de Rouen, club fondé par son père, Lounès Hamraoui n’a plus que les tournois de qualification olympique de Busto Arsizio en Italie (février-mars 2024) et de Bangkok en mai pour valider son ticket pour Paris.
Logan Fontaine, nage en eau libre (QUALIFIE) et en bassin
Le nageur de 24 ans, licencié au club des Vikings de Rouen, entame sa troisième saison d’entraînement au sein de la Team Lucas (Philippe) à Martigues, auprès du plus médiatique des coachs de natation français ! Logan Fontaine vise une double qualification olympique : en eau libre, pour le 10 km, spécialité dans laquelle ses performances précoces ont retenu toute l’attention, et en bassin sur les moyennes et longues distances où il s’exprime de plus en plus depuis deux ans. Au point de remporter la médaille de bronze du 800 m aux derniers Championnats du monde à Melbourne.
Dimanche 4 février 2024, Logan a décroché son précieux sésame pour les JO 2024 ! Il s’est qualifié en nage en eau libre, à l’occasion des Championnats du monde à Doha où il a fini 4ème. Les Championnats se terminent le 18 février, il peut donc encore se qualifier sur d’autres distances. A suivre de très près.
Loïc Samen, lutte gréco-romaine
A 24 ans, le lutteur de Sotteville, toujours à l’INSEP (Institut national du sport, de l'expertise et de la performance à Paris), n’a pas pu transformer l’essai lors des Championnats du monde de lutte de septembre 2023 à Belgrade. Ses chances de qualification pour les JO de Paris reposent désormais sur deux ultimes tournois de qualification olympiques (TQO) ; l’un de niveau européen à Baku en avril, l’autre de niveau mondial en mai à Istanbul. Frustré de sa non qualification aux JO de Tokyo 2021 en raison d’une vilaine blessure, Loïc Samen revient avec une grosse soif de revanche.
Kévin Vauquelin, cyclisme sur route
Considéré comme le cycliste le plus complet de sa génération, Kévin Vauquelin du VC Rouen 76 est passé chez les pro en 2022 au sein de l’équipe bretonne Arkéa-Samsic. Deux saisons plus tard, toujours en progression, Kévin n’a pas lâché son objectif olympique. In fine, la décision en reviendra au manager de l’équipe masculine française, Thomas Voeckler, à qui l’UCI (Union cycliste internationale) a accordé le droit d’aligner 4 coureurs à Paris. Kévin n’a d’autre choix que de performer lors des épreuves cyclistes du World tour et des grands championnats (national, européen, mondial). Sa qualification se jouera jusqu’en juin 2024.
Léonie Cambours, heptathlon
Forte d’une première participation aux Mondiaux d’athlétisme de Budapest en juillet 2023 (15e), la jeune athlète du Stade sottevillais 76 mise, en toute légitimité, sur une qualification aux JO de Paris. La spécialiste du sport combiné (7 épreuves !) devra soit réaliser les minimas olympiques au cours de la saison (6 480 points, ce qui est au-dessus de son record personnel à ce jour), soit figurer parmi les 24 meilleures mondiales (avec un maximum de 3 par pays) d’ici le 30 juin 2024. La championne de France 2023 en salle (pentathlon, 5 épreuves) est lancée dans la bataille !
Flavie Renouard, 3000 m steeple
La titulaire du CAC (Caen Athlétic Club), entraînée par son père, fait toute sa préparation JO en Normandie, sur le stade Hélitas de Caen où elle se rend quotidiennement avant et après sa journée de travail. Des journées d’une densité impressionnante pour la jeune athlète, championne d’Europe espoir en 2021 de 3000 m steeple. L’été dernier, elle a fait ses premiers mondiaux d’athlétisme où elle a fini deuxième meilleure française, en atteignant les demies-finales ! Et surtout elle y a réalisé les minimas pour les JO. Il lui reste à participer aux Championnats de France fin juin 2024 pour valider définitivement son ticket pour Paris.
Guillaume Lefloch Decorchemont, kayak
Il ne reste plus qu’une seule chance au licencié de l'ASEV Condé-sur-Vire pour aller aux JO de Paris. Guillaume Le Floch Decorchemont devra impérativement finir premier de l’épreuve de rattrapage à Szeged (Hongrie) en mai 2024 dans la catégorie K4 kayak de course en ligne.
Leurs deuxièmes JO
Margaux Bailleul, aviron
Si le Comité national olympique et sportif français et la Fédération française d’aviron la retient dans leur équipe olympique, la rameuse de la Société havraise d’aviron disputera ses deuxièmes JO à Paris. A Tokyo en 2021, elle avait fini en 9e place dans la catégorie du quatre de couple. Cette fois-ci, c’est en deux de couple qu’elle a qualifié le bateau français, lors des Championnats du monde d’aviron 2023 à Belgrade.
Alexis Hanquinquant, paratriathlète
On ne présente plus le triathlète de Rouen Triathlon. Six fois champion de France, d’Europe et du monde et médaillé d’or aux Jeux paralympiques de Tokyo 2020, l’homme fort du triathlète français, d’une régularité hors norme au meilleur niveau, défendra son titre à Paris. S’il est au top de sa forme, il sera extrêmement difficile de lui chiper la médaille.
Leurs troisièmes JO
Eric Delaunay, tir, skeet olympique
Cinquième de la finale olympique de Tokyo en 2021, 7e à Rio en 2016, le tireur manchois du club de Bréville bataille pour décrocher son billet pour Paris. Le solide champion de skeet a encore deux chances d’y parvenir : le TQO (Tournoi de qualification olympique) d’avril 2024 ou, in extremis, le championnat d’Europe en mai 2024. Ne pas disputer ses 3e JO serait une déception pour le tireur manchois.
Jérémie Mion, voile, 470
Pour le navigateur havrais de 34 ans, sportif de haut niveau de la Marine nationale, la qualification pourra se jouer jusqu’au printemps 2024. La place est chère : seul un équipage représentera la France aux JO de Paris en 470. La nouveauté ? L’épreuve est devenue mixte. Il est associé à la barreuse Camille Lecointre. Avec ses coéquipiers masculins, Jérémie avait fini 7e aux JO de Rio 2016 et 11e à ceux de Tokyo.
Kévin Campion, marche olympique 20 km
L’athlète du Stade dieppois a fini 16e du 20 km marche des JO de Tokyo, mieux encore qu’à Rio (49e) ! Une très belle performance pour le marcheur normand d’adoption qui, à 35 ans, peut encore rêver de performer. Deux options s’offrent à lui pour aller à Paris : battre son record personnel et réaliser les minima olympiques (1h20’10’’) lors d’une épreuve labellisée, ou alors figurer parmi le top 24 mondial au 30 juin 2024. Go go go.
Ses cinquièmes JO
Florian Merrien, para tennis de table
Médaille d’or par équipes aux Jeux paralympiques de Pékin en 2008, bronze par équipes à Londres en 2012, bronze en simple à Rio en 2016 et bronze en équipe à Tokyo 2021. Le palmarès de Florian Merrien, licencié au club Bayard d’Argentan, impressionne. Sa longévité est exceptionnelle. A 39 ans, le pongiste de l’Orne a encore toutes ses chances de qualification pour Paris, que ce soit en individuel ou par équipe.
Et les autres athlètes normands...
N’oublions pas les autres athlètes normands, non membres de la Team Normandie, qui se préparent également pour Paris 2024 :
- Thibaud Briet (handball)
- Julien Epaillard (équitation-saut d'obstacle)
- Pénélope Leprévost (équitation-saut d'obstacle)
- Stéphanie Loeuillette (tennis de table)
- Cameron Lie-Bernard (gymnastique)
- Astier Nicolas (équitation-concours complet)
- Alexandra Saint-Pierre (para tennis de table)
Dialogue citoyen
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