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Normandie : en selle pour les grandes traversées

Randonnée en forêt de Brotonne (c) LSJB

clock Publié le 22 juillet 2021

Première région d’élevage en France, riche de quelques 680 clubs équestres, la Normandie porte fièrement son titre de destination cheval. Dans cet écosystème, le tourisme autour du cheval, longtemps resté discret, est aujourd’hui en pleine expansion.  

Quelque part au milieu de la vaste forêt domaniale de Brotonne, à une heure de voiture de Rouen, la voix de Rémi Fontaine résonne parmi les chants d’oiseaux. Difficile de l’apercevoir dans la densité des sous-bois, avant qu’il ne surgisse à la tête d’une colonne de randonneurs équestres. Il y a encore une heure, le patron des Écuries de Brotonne ne savait pas qu’il passerait par ici. Tout juste avait-il fixé le lieu du pique-nique : la chapelle Saint-Maur, idéale pour permettre aux chevaux de gambader en liberté.

Il faudra attendre encore un peu avant de manger, le temps de s’occuper des montures. On ferme le périmètre pour qu’ils ne s’échappent pas, on desselle les chevaux, on les laisse brouter l’herbe. "Attachez-les, pas trop près, pas trop loin non plus". Directif mais pédagogue sous son chapeau en cuir, Rémi Fontaine distribue à ses compagnons du jour conseils et anecdotes. "Vous entendez cet oiseau ? On dirait qu’il s’essaie à plusieurs mélodies… Pas étonnant qu’on l’appelle la grive musicienne !"

De l’apprentissage et de l’évasion

Cette philosophie, c’est précisément ce que sont venus chercher ici les 6 promeneurs : un mélange d’équitation, d’apprentissage et d’évasion en pleine nature. "Ça me donne le temps de souffler", relève Émilie, 42 ans, tout droit venue de Gironde, "c’est une superbe façon de découvrir la campagne de Normandie ! On voit beaucoup de paysages différents, des oiseaux, des modes de vie. On découvre même des jardins qu’on ne verrait pas à pied". Et pour encore plus immersion, les Ecuries de Brotonne proposent également des gîtes, très prisés des petits groupes. 

Comme les Écuries de Brotonne, des dizaines d’établissements en Normandie proposent des randonnées guidées. Tous partagent ces mêmes valeurs : le respect du cheval comme de l’environnement, le partage de la passion, la convivialité. Là où la Normandie faisait référence sur le terrain de l’élevage équin, ces centres équestres contribuent à la faire désormais rayonner sur celui du tourisme.

Mais ici, le cheval n’est pas qu’un simple moyen de transport. Rémi Fontaine, lui, préfère parler d’équitation de pleine nature : "Randonner à cheval comme nous le faisons, c’est une activité sportive. Il faut savoir monter pour en profiter : pouvoir se baisser sur sa selle quand il y a une branche basse ou savoir réagir si le cheval a peur d’une flaque. Ce que je propose à mes clients, c’est qu’ils soient actifs : que chacun parte en randonnée en préparant son cheval, en s’en occupant. Ils avancent en équipe et restent attentifs, même après le retour aux écuries."

6 itinéraires au long cours

Les amoureux du cheval sont chaque année plus nombreux à venir parcourir le territoire hors des sentiers battus, parfois avec leurs propres chevaux. C’est pour eux que 6 itinéraires au long cours sillonnent aujourd’hui la Normandie. Ils leur proposent une découverte de la région, tout en offrant les services nécessaires à l’accueil et aux soins des montures. Le dernier-né de ces circuits : la Chevauchée du Pays d’Auge à la Seine, inaugurée début mai 2021 et financé à 80% par la Région Normandie. Il traverse en 10 étapes le sud sauvage de la région. D’autres devraient voir le jour, si l’on en croit le potentiel encore inexploité de certains secteurs comme Les Andelys par exemple. 

"Ces parcours ont été tracés pour garantir aux cavaliers un niveau de sécurité maximum, des intérêts touristiques, et bien sûr un grand confort : on ne compte jamais plus de 30% de sentiers sur goudron, par exemple. Les étapes de ces itinéraires, d’environ 25 ou 30 kilomètres en moyenne, ont été fixées en fonction des hébergements adaptés à l’accueil des chevaux", explique José Castañeda, président du Comité régional de tourisme équestre qui oeuvre au développement d’événements, de lieux et d’activités dans ce domaine. Un label, Accueil Cheval, est ainsi attribué aux hébergements qui font le choix d’accueillir les itinérants à cheval, et qui garantissent l’espace, la sécurité et les services nécessaires aux soins des chevaux.

6 grands itinéraires ouverts à tous

>> La Randonnée des Haras traverse la vallée de la Vire et domine le site de la Roche d’Oëtre pour relier les deux haras emblématiques de la Normandie : le haras de Saint-Lô et le Haras du Pin.

 

>> La Chevauchée de Guillaume suit les traces du parcours de Guillaume Le Conquérant, de la Baie des Veys à Falaise. Elle compte 8 étapes et traverse notamment les paysages vallonnés de la Suisse normande.

 

>> La Route des Abbayes prolonge la Chevauchée de Guillaume vers le Mont Saint-Michel, à partir de la forêt de Cerisy. Sur son tracé, on peut admirer plusieurs abbayes, dont Jumièges et Hambye.

 

>> Patrimoine à cheval en baie du Mont Saint-Michel : un itinéraire de 3 étapes de la Merveille à Bréhal qui poursuit l’itinéraire cheval proposé par le voisin breton en baie du Mont.

 

>> La Chevauchée en vallée de Seine suit la rive droite de la Seine entre l’abbaye de Jumièges et l’abbaye du Valasse. Elle chemine entre espaces naturels et patrimoine remarquable.

 

>> Dernière née, la Chevauchée du Pays d’Auge à la Seine relie le sud sauvage de la région aux méandres du fleuve en 10 étapes et 265 kilomètres !

 

Plus d’infos sur le site de Normandie Tourisme

Autre intérêt de ces grands itinéraires : ils bénéficient d’une signalétique claire et visible. De quoi faciliter le travail des professionnels qui créent leurs propres circuits de randonnées autour de leur centres équestres. À La Cour Anteol, en Suisse normande, Antoine Herpin est ainsi venu enrichir son offre en ajoutant, à ses cours d’équitation, des balades sur 4 boucles qui empruntent des portions d'itinéraires régionaux. Cette année, ses deux chalets ont été pris d’assaut par des amateurs en quête de grandes randonnées et séjours en plein air. Même succès pour ses leçons en extérieur :  de nombreuses familles ont troqué les sports en salle pour une pratique de pleine nature. "On observe une vraie dynamique, confirme José Castañeda : on enregistre un bond de 10% des licenciés dans cette option d’équitation d’extérieur en 2021. On compte à ce jour 4 300 licenciés dans l’option "tourisme équestre" en Normandie et 39 000 licenciés au total dans l'ensemble des disciplines de la filière équine. Et pour la première fois depuis bien longtemps, les professionnels du tourisme équestre ont reçu des réservations pour l’été dès le mois de mai". Cette tendance ne devrait pas être freinée dans un contexte qui incite à privilégier les destinations nature. 

Le tourisme équestre attire de plus en plus

Nos 6 randonneurs, eux, ont ressellé leurs chevaux et s’engouffrent une nouvelle fois dans la forêt. Leur enthousiasme ne laisse guère place au doute : ils réitéreront cette aventure équestre en Normandie ! Pauline a 25 ans et vit en Île-de-France. Elle avait déjà fait des balades à cheval en forêt de Brotonne, il y a deux ans : "Je suis revenue et je reviendrai. J’ai fait une dizaine de randonnées, autour de Carcassonne ou de Dijon. Mais ici, c’est le meilleur endroit que j’ai trouvé".

Le grand projet du Haras du Pin

Le Haras du Pin est l’un des deux haras emblématiques de la Normandie ! Haut lieu de production et d’élevage de chevaux créé sous le règne de Louis XIV, il est aujourd’hui au coeur d’un vaste projet de développement dont l'ambition est de faire du Haras du Pin la première destination rurale à thème de France. La Région Normandie et le Département de l’Orne portent ce projet qui se décline en 3 volets : touristique, sportif (grandes compétitions équestres) et professionnel (métiers de la filière équine). Les deux collectivités ont engagé en 2020 un programme annuel d’investissements, avec l’appui de l’Etat et de l’Europe. De vastes travaux seront réalisés sur le site entre 2021 et 2025. 

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