Agriculture

Aujourd’hui, 10 500 agriculteurs normands ont plus de 60 ans, et se préparent à partir en retraite avant 2028 ; soit 1 agriculteur sur 3.

Si la Normandie souhaite maintenir le nombre d’exploitations agricoles sur son territoire, préserver des exploitations à taille humaine, il convient d’augmenter significativement le taux de renouvellement, actuellement à 58 % en le faisant tendre vers 100 %.

La typologie des porteurs de projets qui se tournent vers les métiers de l’agriculture a par ailleurs fortement évolué durant la dernière décennie. Si les installations de porteurs de projet venant du milieu agricole restent majoritaires, la part de futurs agriculteurs qui n’en sont pas issus et qui ont un parcours professionnel et de formation non agricoles est en constante augmentation.

La Région accompagne à hauteur de 50 Millions d'euros (fonds régionaux et européens) les projets d’installation en Normandie sur la période 2023-2027, au travers de différents dispositifs d’aides.

Les exploitations agricoles doivent davantage anticiper les évolutions liées au dérèglement climatique ou aux attentes sociétales pesant sur les produits alimentaires : décarbonation, biodiversité, bien-être animal et nouveaux circuits de consommation.

L’adaptation permanente des entreprises devient un enjeu de durabilité, de résilience et de performance, face à une économie mondialisée, soumise aux différents aléas.

Il convient plus que jamais de définir des stratégies d’évolution pour permettre une agriculture normande plus robuste, plus performante, plus résistante sur les marchés, répondant aux enjeux de demain. 

Transition agroécologique des exploitations normandes

Afin d’anticiper au mieux la probable fin d’utilisation du Glyphosate, la Région Normandie et la Chambre d’Agriculture de Normandie ont lancé en mai 2019 un appel à candidature.

Ce plan expérimental, « Normandie Glyphosate 2021 », avait pour objectif de soutenir les agriculteurs volontaires dans le remplacement progressif d’herbicides à base de ce produit phytosanitaire par des méthodes alternatives, dans le cadre d’un contrat de transition sur 2 ans. 37 exploitants ont tenté l'expérience avec le soutien de la Région (305 000 euros mobilisés).

2 ans après, l'objectif est atteint ! L’usage moyen de 74 litres de glyphosate par exploitation a été ramené à 3,5 litres en fin du plan d’action. Il est toutefois à noter une augmentation significative de la consommation de carburant de 457 litres/an/exploitation en moyenne associée à l’arrêt du glyphosate dans ces exploitations.

Ce plan expérimental a ainsi montré la possibilité d’adapter les pratiques culturales pour réduire l’usage du glyphosate dans les exploitations. La valorisation et le partage des pratiques alternatives déployées dans ce cadre devra permettre d’inciter de nouveaux agriculteurs à une sortie progressive de l’usage du glyphosate.

La Région a lancé un nouveau dispositif de soutien à la transition agroécologique des exploitations normandes sur la période 2023-2027 et mobilise une enveloppe totale de 10 millions d’euros (dont 80 % de fonds européens).

La recherche de valeur ajoutée est plus que jamais au coeur de la stratégie agricole, considérant que la réduction des coûts a déjà constitué ces dernières années un travail conséquent.

Désormais, il importe de se différencier sur les marchés mondialisés, de trouver de nouveaux créneaux, d’accroître la traçabilité, d’augmenter la qualité...Plusieurs voies sont possibles et chaque exploitation / filière doit être en mesure de construire sa stratégie au regard des opportunités qui s’offrent à elle.

Pour cela, la Région Normandie se positionne comme un assemblier, valorise les initiatives, fédère les acteurs, pour promouvoir les produits normands.

L’agriculture fait face à des accélérations technologiques, numériques, managériales.. La modernisation des exploitations agricoles se poursuit, avec une nécessité de savoir capter et gérer une multitude de données. Les entrepreneurs de demain doivent donc être mieux formés, au moment de leur installation mais aussi tout au long de leur parcours professionnel.

La Région a adopté, en mars 2024, un plan d’ensemble pour la reconquête de l’élevage bovin en Normandie.

La filière normande (comme celle française) est en effet confrontée à une réduction de son cheptel bovin qui met en lumière deux enjeux majeurs : la préservation de l’environnement et la souveraineté alimentaire sur le secteur de la viande française à terme.

Le plan régional propose des solutions pour soutenir les éleveurs dans la recapitalisation du cheptel et l’engraissement de bovins à l’herbe. Il s’agit d’encourager le développement d’un système équitable qui donne accès à des débouchés rémunérateurs pour les exploitants, en partenariat avec l’interprofession viande de Normandie.

La recapitalisation des troupeaux allaitants

A l’instar de ce que la collectivité fait sur la normandisation des troupeaux, la Région accompagnera les éleveurs avec une aide forfaitaire à la vache ou génisse amouillante pour 200 € par an avec un engagement minimum d’augmentation de troupeaux de 20 animaux.

L’aide régionale pourrait porter sur 5 000 vaches supplémentaires par an et ainsi contribuer à arrêter la décapitalisation. L’investissement régional s’élèvera à un million d'euros.

La relocalisation de l’engraissement en Normandie

Cette piste est également proposée pour réussir à maintenir une capacité de production de viande avec les outils présents sur le territoire. Cette demande fait aussi écho au besoin du marché en viande hachée souvent remplacée par de la viande issue de l’importation et de moindre qualité. 

Les pratiques d’élevage intensif ne sont pas souhaitables en Normandie. La proposition d’accompagnement forfaitaire concernerait plutôt des petites bandes de mâles castrés et femelles, à engraisser en valorisant la ressource herbagère dans des bâtiments non utilisés. Cette mesure intervient au moment où les éleveurs auront probablement l’obligation de garder les veaux 35 jours contre 14 jours actuellement.

La Région pourrait appuyer en complément avec 3 paliers de 2 000 € à 6 000 € en fonction du nombre d'animaux.

Sur le troupeau allaitant, un plan de reconquête de l’élevage semble essentiel pour préserver les paysages, les prairies mais aussi la souveraineté alimentaire. L’objectif est de 5 000 vaches par an pour arrêter l’érosion de la décapitalisation et essayer d’inverser la tendance.

Sur le troupeau laitier, il convient de garder les veaux issus de ces élevages pour les valoriser par la voie viande et les engraisser sur le territoire. Cela peut intéresser également des agriculteurs en polyculture-élevage qui peuvent y voir un intérêt pour redonner de la fertilité à leurs sols.

Au total, deux millions d’euros seront consacrés à cette politique.

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